Face à un intrus chez vous : que permet vraiment la loi en matière de défense ?
Votre cœur s'emballe, l'adrénaline monte… Un inconnu pénètre dans votre maison au milieu de la nuit. Mais face à cette terreur, quelles sont vos vraies droits ? Découvrez ce que la justice autorise – et ce qu'elle interdit – pour vous protéger sans basculer dans l'illégalité.
On pense souvent savoir comment réagir. Pourtant, entre ce que l’on imagine être autorisé et ce que la loi permet vraiment, il existe un décalage important. Une méprise pourrait avoir des conséquences graves… même lorsque l’on est celui ou celle qui subit l’intrusion.
Alors, que prévoit la législation française lorsque votre domicile devient le lieu d’une effraction ? Voici les points essentiels à retenir pour agir en toute connaissance.
Les réactions instinctives… et leurs limites légales

Chaque année, ce sont plus de 200 000 foyers en France qui sont touchés par un cambriolage ou une tentative. Et dans près de 15 % des situations, les résidents sont sur place. Autant de personnes se retrouvant confrontées à un individu étranger sous leur toit.
Dans ces instants, les réflexes prennent le dessus : souffle coupé, pouls accéléré, peur intense. L’envie de défendre son intimité, sa famille, et de répliquer avec force est immense. Certains saisissent un objet, d’autres foncent ou interpellent l’individu. Mais attention : le droit français ne tolère pas tous les gestes.
La légitime défense est bien prévue, certes. Seulement, elle n’est pas une autorisation sans conditions.
Ce que le Code pénal permet (sous conditions strictes)

En France, tout repose sur une notion centrale : la légitime défense, encadrée par le Code pénal. Pour qu’elle soit valide, trois critères doivent impérativement être remplis :
- La menace doit être actuelle et tangible.
- La réaction doit être indispensable à votre protection.
- Et surtout, elle doit être mesurée par rapport à l’agression.
Exemple concret : si un cambrioleur vous fait face avec une arme, vous défendre peut être accepté. En revanche, s’il s’enfuit et que vous le frappez dans le dos… la justice pourrait considérer cela comme de la vengeance, et non de la défense.
Une protection renforcée existe toutefois : votre habitation bénéficie d’une disposition spécifique. Lors d’une entrée nocturne par effraction ou tromperie, la loi établit une présomption de légitime défense. Concrètement, vous êtes a priori considéré·e comme agissant pour vous protéger… à condition que votre geste reste raisonnable.
Les situations où vous risquez des poursuites

Vous êtes victime, c’est un fait. Mais une réaction jugée disproportionnée ou tardive peut entraîner des complications juridiques.
Quelques affaires récentes pour illustrer :
- En 2013, un bijoutier a abattu un voleur qui prenait la fuite. Résultat : la légitime défense n’a pas été acceptée. Le péril n’était plus présent.
- En 2022, un agriculteur a tiré sur un cambrioleur entré chez lui de nuit. Décision : non-lieu, l’intrusion nocturne permettant la présomption de légitime défense.
- Plus récemment, un individu a blessé un intrus déjà sorti de chez lui. Là encore, des poursuites ont été initiées : le risque immédiat était écarté.
En résumé ?
Se défendre face à un danger réel = acceptable.
Vouloir se faire justice soi-même, même immédiatement après = répréhensible.
Les attitudes à adopter si vous vivez cette situation
Lorsque l’impensable se produit, mieux vaut connaître les bons gestes – sans franchir la ligne rouge. Voici quelques conseils pratiques à retenir :
- Composez sans tarder le 17 dès que possible.
- Évitez le conflit direct si l’intrus ne représente pas une menace immédiate.
- N’usez de la force que si votre intégrité ou celle de vos proches est en jeu.
- Abstenez-vous de poursuivre la personne si elle bat en retraite.
Votre protection passe avant tout, mais votre réponse doit rester adaptée à la situation.
