Les implications de l’obligation d’activité pour les bénéficiaires du RSA

Depuis le début de l'année 2025, les bénéficiaires du RSA doivent désormais justifier d'un certain nombre d'heures d'activité par semaine pour maintenir leur aide, soulevant des questions sur la nature de cette exigence et son impact sur leur insertion professionnelle.
Une refonte qui redéfinit le RSA
Jusqu’à présent, toucher le RSA ne comportait aucune obligation spécifique en termes d’activité. Alors que les bénéficiaires étaient encouragés à chercher un travail ou à participer à un suivi, seulement 40 % étaient enregistrés à France Travail (anciennement Pôle emploi).
Avec la réforme en cours, l’inscription devient automatique et un « contrat d’engagement » est mis en place. Ce contrat détaille les actions obligatoires que l’allocataire doit entreprendre : formations, ateliers CV, stages, immersions en entreprise, entre autres.
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a souligné que ces 15 à 20 heures ne seront pas systématiques pour tous. Certains individus proches du marché de l’emploi auront un suivi plus léger, tandis que d’autres, moins proches de l’emploi, bénéficieront d’un accompagnement plus intensif.
L’objectif principal est clair : favoriser le retour à l’emploi et prévenir l’exclusion sociale.
Des données encourageantes, mais des frais d’accompagnement conséquents
L’expérience menée en 2024 sur 70 000 personnes dans 49 départements a montré des résultats positifs :
– 54 % des participants ont retrouvé un emploi, dont certains de manière durable.
– Une amélioration de la confiance en soi et une meilleure capacité à envisager une carrière professionnelle.
Cependant, cet accompagnement a un coût significatif : entre 600 et 1 200 euros par bénéficiaire, pouvant aller jusqu’à 4 000 euros pour les situations les plus complexes.
Bien que cela représente une dépense conséquente pour l’État, elle pourrait être compensée par une réduction du nombre de bénéficiaires à long terme si le dispositif s’avère efficace.
Un sujet de débat autour de cette mesure
Alors que l’objectif d’insertion est louable, certains critiquent une complexité administrative excessive. La nécessité de justifier ces heures risque de compliquer la gestion du RSA et de fragiliser la relation de confiance entre les bénéficiaires et les organismes sociaux. Certains allocataires, découragés, pourraient même renoncer à leur allocation par crainte des contraintes administratives.
Une autre source de tension concerne la nature des activités exigées. Ces 15 à 20 heures ne doivent pas être assimilées à du travail gratuit, mais plutôt à un accompagnement vers l’emploi. Néanmoins, il existe des inquiétudes quant à une éventuelle exploitation déguisée, notamment si des stages non rémunérés ou des missions en entreprise deviennent une condition implicite pour bénéficier de l’aide.
Vers une approche renouvelée du RSA ?
Cette réforme marque un changement dans la conception du RSA, qui dépasse désormais son rôle de simple soutien financier : il devient un dispositif d’insertion structuré et encadré.
Il reste à voir si cette nouvelle approche favorisera effectivement un retour durable à l’emploi pour les bénéficiaires ou si elle engendrera plus d’exclusions qu’elle n’en résout.
Et vous, pensez-vous que cette réforme constitue une avancée ou une contrainte supplémentaire pour les bénéficiaires du RSA ?