Le dernier repas préféré des patients en fin de vie, selon un cuisinier en soins palliatifs

Publié le 26 mai 2025

Et si le dernier souvenir gustatif d'une vie entière se résumait à un plat réconfortant ? Spencer Richards, cuisinier dans un centre de soins palliatifs britannique, partage comment la cuisine devient un vecteur d'humanité et de douceur pour ceux qui vivent leurs derniers instants. Entre fourneaux et compassion, il transforme chaque assiette en un moment d'apaisement inoubliable.

Un dessert pour célébrer l’existence

Pensez à une femme âgée de 93 ans qui n’avait jamais soufflé de bougies sur un gâteau de son vivant. Non par désintérêt, mais parce que cette coutume n’existait pas dans son foyer. Ce jour-là, le chef Richards a transformé cette absence en moment de grâce. Ce qui en est ressorti ? Une tempête d’émotions, des sourires tremblants et une mémoire gravée à jamais.

Voilà la véritable alchimie de la gastronomie bienveillante. Dans cette résidence médicalisée, chaque pâtisserie porte un message. D’après le cuisinier, la requête la plus récurrente des résidents reste le traditionnel gâteau d’anniversaire. Une douceur apparemment banale, mais chargée de symboles.

Une carte qui épouse les rêves

Chaque individu possède son récit culinaire, ses préférences, ses désirs. Spencer Richards en a fait son credo : nourrir ne se limite pas à sustenter, mais à reconnaître l’identité de chacun. Lorsqu’un jeune patient de 21 ans, peu sensible aux menus classiques, a évoqué son amour pour les saveurs urbaines, le chef a recomposé son offre sans attendre. Spécialités mexicaines, sandwiches gourmands ou mets relevés – tout a été imaginé pour satisfaire ce dernier souhait.

C’est dans ces attentions sur-mesure que réside l’art véritable de Spencer. Il module les consistances et les arômes, car en fin de vie, les papilles s’affinent, les envies fluctuent, et la déglutition peut tourner au parcours du combattant.

L’irrésistible attirance pour le sucré

Le chef confie une observation émouvante : les personnes confrontées au cancer développent fréquemment une appétence marquée pour les saveurs douces. Sans doute parce que le sucre enrobe, console, fait office de baume au cœur. Le salé, quant à lui, devient souvent trop agressif. Il faut alors faire preuve de créativité, marier les ingrédients avec finesse, exploiter la douceur intrinsèque des produits.

Au final, chaque création culinaire devient un récit, une madeleine de Proust, ou une lueur de joie dans un quotidien éprouvant.

La nourriture comme langage de l’âme

Pour Spencer Richards, préparer un ultime repas constitue le privilège suprême. Cette affirmation, en apparence simple, recèle une profonde sagesse. Car lorsque la parole défaille et que les gestes vacillent, il subsiste toujours un plat réconfortant, une pâtisserie artisanale, une saveur connue pour murmurer : « Je suis là pour toi. »