Un homme gelé dans le temps : en attente d’une renaissance par la cryogénie

Plongez-vous dans un monde futuriste où un homme reste immobile depuis plus de cinquante-cinq ans, espérant un réveil miraculeux grâce à la science...
Qu’est-ce que la préservation par cryogénisation des corps humains ?
La technique de la cryogénisation, ou cryonie, consiste à maintenir un corps à une température extrêmement basse, généralement à -196 °C, dans le but de le ramener à la vie ultérieurement grâce aux avancées scientifiques. L’objectif n’est pas tant de ressusciter les défunts que de stopper le processus temporel dès que le décès légal survient, en espérant qu’il sera un jour possible de réparer les dommages.
Cette approche repose sur une distinction cruciale : la constatation du décès légal (arrêt cardiaque) ne signifie pas nécessairement la mort biologique totale (cessation de toute activité cérébrale). Ainsi, la cryogénisation vise à préserver le cerveau tant que cela reste envisageable.
James Bedford : le pionnier de la cryogénisation depuis 1967
Le 12 janvier 1967, James Bedford, un enseignant américain atteint d’un cancer incurable, devient le premier être humain à être cryogénisé. Moins de dix minutes après son décès, une équipe médicale commence les procédures : ventilation artificielle, injection de substances antigel, puis refroidissement progressif jusqu’à la vitrification complète.
Actuellement, son corps repose dans un récipient métallique en Arizona, États-Unis. Il est conservé tête en bas par mesure de précaution en cas de fuite d’azote. À l’âge de 73 ans, Bedford a choisi de s’engager dans cette expérience inédite : tenter de défier la mort grâce aux progrès scientifiques.
Un processus rappelant les intrigues de la science-fiction
Le processus de cryogénisation suit un protocole rigoureux :
- Préinscription auprès d’une société spécialisée (cotisation annuelle d’environ 370 €).
- Intervention immédiate à la constatation du décès légal par les équipes médicales.
- Refroidissement rapide avec de la glace et maintien de l’irrigation sanguine artificielle.
- Administration de cryoprotecteurs (antigels médicaux) pour éviter les dommages cellulaires dus au gel.
- Refroidissement final à -196 °C dans un réservoir d’azote liquide.
Ce processus, appelé vitrification, transforme les tissus en une forme de « verre biologique » : un état stable sans formation de cristaux, permettant une conservation potentiellement prolongée.
Quand peut-on espérer le réveil ?
C’est à ce stade que les incertitudes se manifestent. À ce jour, aucune technologie n’est capable de réanimer un corps vitrifié. De même, la guérison de la plupart des maladies à l’origine de ces décès reste hors de portée. Les partisans de la cryogénie fondent leurs espoirs sur les avancées à venir : nanomédecine, thérapies cellulaires, clonage ou transfert de conscience.
En attendant, plus de 500 personnes sont déjà conservées par cryogénisation, et plus de 5 000 autres ont exprimé leur volonté de tenter cette expérience.
Entre immortalité et illusion glacée
La cryogénie soulève autant de questionnements éthiques que scientifiques. S’agit-il d’une voie sérieuse vers la prolongation de la vie ou d’une quête d’immortalité réservée aux plus fortunés ? Est-il justifié d’investir des sommes considérables (pouvant aller jusqu’à 150 000 €) pour conserver un corps, voire simplement un cerveau ?
Ce qui demeure indéniable, c’est que cette idée suscite l’intérêt. Tout comme les pharaons faisaient embaumer en vue de l’au-delà, certains se tournent aujourd’hui vers l’azote liquide pour repousser les limites du temps.
Mythe ou prédiction pour l’avenir ?
Une chose est certaine : pour l’instant, James Bedford demeure l’homme le plus patient de l’histoire.