Les Mystères de l’An 536 : Une Année de Ténèbres et de Catastrophes

Publié le 28 avril 2025
MAJ le 3 juin 2025

Plongez dans l'histoire intrigante de l'année 536, marquée par un obscurcissement mystérieux du soleil et des événements tragiques à l'échelle mondiale. Découvrez les secrets de cette période sombre de l'humanité.

Un mystère persistant : quand la clarté du jour s’estompe

Tout débute par un phénomène aussi étrange que préoccupant. Pendant environ dix-huit mois, un brouillard énigmatique englobe l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. Les écrits de l’historien byzantin Procope décrivent le soleil comme brillant « sans éclat, tel la lune ». Cela entraîne une baisse significative des températures de 1,5 °C à 2,5 °C, transformant ainsi le climat méditerranéen en un hiver nordique soudain.

Les conséquences sont dévastatrices : des chutes de neige en été en Chine, des récoltes défaillantes, des famines et du désespoir sur plusieurs continents. En Irlande, les archives médiévales mentionnent une grave pénurie alimentaire entre 536 et 539. Comme un jeu de dominos, l’équilibre fragile des sociétés humaines commence à chanceler.

La pandémie de Justinien : un coup fatal brutal

Alors que l’humanité tente de reprendre son souffle, une autre tragédie survient : la peste bubonique, connue sous le nom de peste de Justinien, sévit en 541. Cette épidémie décime entre un quart et la moitié de la population de certaines régions, précipitant le déclin de l’Empire byzantin. Ce double coup du sort, famine puis pandémie, marque profondément le VIᵉ siècle comme une période de grand malheur.

À la recherche des responsables : les volcans entrent en jeu

La lave en fusion s’échappe d’une fissure en périphérie du village de pêche Grindavik dans le sud-ouest de l’Islande, le 1er avril 2025. L’Office météorologique islandais (IMO) a déclaré « une éruption a débuté sur la rangée de cratères Sundhnuksgigar » au nord du village de pêche Grindavik, évacué mardi après que la lave a commencé à jaillir d’une éruption volcanique, la huitième à frapper la région depuis la fin de 2023. (Photo de Ael Kermarec / AFP)

Pendant des siècles, le mystère est resté entier : quelle était l’origine de ce brouillard mortel ? Grâce aux avancées de la science moderne, des chercheurs tels que Michael McCormick et Paul Mayewski ont finalement percé le mystère. En étudiant un échantillon de glace prélevé dans un glacier suisse – une véritable capsule temporelle de l’atmosphère – ils ont découvert qu’une éruption volcanique en Islande avait libéré d’importantes quantités de cendres dans l’atmosphère en 536.

Imaginez un volcan projetant un immense nuage noir capable d’obscurcir la lumière du jour sur toute l’Europe ! De plus, deux autres éruptions, survenues en 540 et 547, ont aggravé la situation, plongeant l’économie dans une récession qui durera plus d’un siècle.

Une renaissance progressive capturée dans la glace

Pourtant, tout n’est pas perdu pour toujours. Vers 640 après J.-C., les scientifiques observent une augmentation des concentrations de plomb dans les carottes de glace, indiquant que l’extraction d’argent – moteur du commerce et de l’industrie – reprend progressivement. C’est comme assister à l’éclosion des premières fleurs après un hiver sans fin.

De plus, vers 660, l’utilisation généralisée de l’argent comme monnaie témoigne d’une reprise économique et de l’émergence d’une classe marchande. Une sorte de « révolution économique » médiévale en miniature surgit des cendres d’une époque désolée.

Lorsque l’histoire se répète…

Pourtant, la leçon n’a pas été retenue : au XIVᵉ siècle, lors de la Peste noire, la pollution au plomb chute brusquement, signalant un nouvel effondrement économique. Comme le souffle d’une forge s’éteignant brusquement, l’activité humaine se fige à nouveau.

Grâce à ces recherches passionnantes, l’archéologie moderne met en lumière la grande vulnérabilité de nos sociétés aux forces naturelles. Et encore aujourd’hui, en scrutant les carottes de glace ou les cernes des arbres, la nature continue de nous conter ses récits oubliés.